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Cafés Philos et Nouvelles Pratiques Philosophiques
Penser par soi-même

Vendredi 31 Août 2007

Méthode d'animation d'un Café Philo

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Méthode d’animation
d’un Café-Philo



I Évolution et enjeux


1) Enjeux de la méthode et ses sources

Depuis 1992, le Café-Philo a connu des évolutions dans les techniques d’animation.
L’enjeu en est toujours plus difficile. Comment concilier la convivialité de ces rencontres, le besoin que les participants ont de s’exprimer avec l’exigence d’une véritable pratique philosophique ? Comment démocratiser la parole, sans sombrer dans le débat d’opinions, le groupe de parole psychothérapeutique ou l’exutoire de pseudos érudits, plus autistes que savants ? Comment construire une véritable réflexion commune de qualité, respectant et construisant les étapes de la réflexion dans la conduite de l’enquête philosophique ? Comment faire surgir le Noûs, cette « intelligence » créatrice et collective, sans déroger à l’exigence de la rationalité ?
C’est ici que le travail de recherche opéré par les « Nouvelles Pratiques
Philosophiques », concernant les outils dialectiques et dialogiques de la
discussion, nous est d’une aide précieuse.
Ces outils ont été élaborés sur le terrain de manière inductive, à l’Éducation Nationale auprès des jeunes en difficultés scolaires et sociales, auprès des
élèves non francophones, des enfants et des étudiants, dans le secteur de l’éducation populaire, les bibliothèques, les médiathèques, les foyers de jeunes travailleurs, les associations…
Toutefois, ce travail philosophique ne se réduit pas à une démarche purement empirique. Les travaux de Platon sur le dialogue socratique, d’Aristote, de Port-Royal ou de John Dewey sur la logique, de Hegel sur la Dialectique, de Wittgenstein sur le langage, de Mathieu Lippman sur la pratique de la discussion avec les enfants, de Pierre Hadot sur la philosophie antique et d’autres encore, nourrissent notre recherche philosophique et pédagogique.
On peut également consulter le travail et les ouvrages des chercheurs actuels tels que, Oscar Brénifié, Michel Tozzi, François Galichet, Jean Charles Pettier, entre autres.
La revue « Diotime l’Agora » offre une multitude d’articles de fond sur les « Nouvelles Pratiques Philosophiques » accessible gratuitement et téléchargeable sur internet : http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/agora/.
En ce qui concerne mon travail, vous pouvez consulter deux articles parus dans deux ouvrages collectifs : « Nouvelles Pratiques Philosophiques en classes, enjeux et démarches » et « Philo à tous les étages, 3ème colloque sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques, Nanterre-juin 2003 », aux éditions du Centre régional de documentation pédagogique de Bretagne. L’article sur les finalités et les méthodes d’animation d’un Café Philo, paru dans la revue « Diotime », est en ligne sur ce Forum.

2) La philosophie en tant que « praxis » et mode de vie

A l’origine dans la philosophie antique, le cours didactique, tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’était pas la base de l’enseignement philosophique. Le caractère initiatique et la notion de transmission tranchait, tout d’abord, avec la logique purement scolaire, que nous connaissons aujourd’hui dans notre approche de la philosophie.
La philosophie était d’abord un mode de vie et l’apprenti-philosophe se destinait, soit à occuper une fonction politique dans la Cité, soit à se distancier des affaires du monde dans la contemplation ou ce qu’Aristote nommait la théoria.
Les philosophes grecs vouaient un culte à la « beauté » et la « juste mesure ». Il se sculptaient dans cet « idéal » dans toute les dimension de « l’être », du corps, de l’esprit et de l’âme et ces dimensions n’étaient pas séparables. Le philosophe se devait d’obtenir un corps harmonieux et en bonne santé. La pratique du gymnase était indispensable. Il s’efforçait de construire son esprit, à travers un raisonnement solide et équilibré à l’image du « Logos » universel et divin. Le culte de l’amitié et la beauté du comportement visait la « noblesse » de l’âme. La quête de la « tranquillité », ou l’ataraxie selon les stoïciens, était l’objectif primordial du travail philosophique. Dans les écoles philosophiques, dignes de ce nom, les exercices dialectiques et dialogiques n’étaient pas orientés vers la volonté sophistique de persuader coûte que coûte son auditoire. Le travail sur l’argumentation ou la rhétorique, n’avait pas pour but les beaux discours, même si cette dimension n’était pas ignorée.
En se confrontant aux idées des autres, voire opposées aux siennes, l’apprenti-
philosophe apprenait à mettre de la distance par rapport à ses affects et à maîtriser ses émotions. Les exercices dialectiques favorisaient le développement de la « sérénité » et permettaient l’apprentissage du « vivre ensemble ».
L’apprenti-philosophe devait apprendre à se connaître lui-même pour se libérer de ce qui est superficiel et contempler l’« Essentiel ».
Nous avons perdu la plupart des traces des exercices utilisés par les philosophes grecs. Certains nous sont parvenus, comme celui qui consiste à exposer une thèse et à être interrogés sur celle-ci, pour qu’elle s’effondre ou s’approfondisse.
Ces exercices dialectiques sont toutefois quasi universels. Nous les retrouvons dans les écoles talmudiques, hindouistes, bouddhistes et autres.

3) La nécessité de la rigueur et la méthode

Dans notre travail philosophique, l’important n’est pas vraiment ce que l’on pense, mais comment l’on pense.
Pourquoi avons-nous tant de mal à nous interroger ? Pourquoi nous est-il difficile de faire, dans la pratique de la discussion, la différence entre l’interrogation et l’affirmation ? Pourquoi posons-nous de mauvaises questions ? Souhaitons-nous réellement répondre à nos propres questions ou cherchons-nous à nous divertir ? Pourquoi avons-nous tant de mal à nous écouter et à nous entendre les uns et les autres ? Pourquoi utilisons-nous des concepts inappropriés . Est-ce par erreur ou sont-ce des lapsus ? Pourquoi faisons-nous des écarts de logique ? Que cherchons-nous à fuir ? Comment sortir de ses préjugés, se distancier de ses affects, canaliser ses émotions, pour voir la situation et les autres tels qu’ils sont et non comme nous voudrions qu’ils soient ? Comment réfléchir, construire et vivre ensemble ?
C’est à toutes ces questions et bien d’autres, que notre travail tente de répondre.
Les participants d’autres cafés-philos qui viennent nous visiter, sont souvent déconcertés par notre manière de pratiquer. Dans certains espaces de discussion, l’animateur n’est qu’un distributeur de parole, voire, un professeur d’histoire de la pensée. Les participants interviennent les uns après les autres, sans trop se soucier de ce que les autres ont dit. Les discours se suivent et s’enchaînent comme des colliers de perles, sans rapport les uns avec les autres. Il n’y a pas de véritable écoute, de progression, ni d’enquête philosophique proprement dite. Il y a alors nettement une confusion entre le groupe de parole et le débat philosophique. Ce type de pratique donne raison aux universitaires qui critiquent, à juste raison, ce travail pseudo philosophique.
Il est donc nécessaire de développer notre spécificité philosophique, si nous voulons être crédibles, vis à vis de nous-même tout d’abord et de ceux qui réclament l’exigence et la rigueur de la réflexion.
La philosophie est une discipline, et dans toute discipline, il y a une méthode et une rigueur, même si le méthodisme et la rigidité sont à bannir. La forme méthodique importe peu, mais elle doit être travaillée inlassablement jusqu’à être incorporée et digérée, en créant ce que Thomas d’Aquin appelait un « habitus ».
La mise en place de ces outils pédagogiques, dialectiques et dialogiques diffèrent selon les publics et les lieux. Le travail scolaire, par exemple, fait appel à une pédagogie rigoureuse inscrite dans un programme. L’atelier philosophique ou le séminaire permettent de travailler les exercices spécifiques du dialogue et du débat. Le café-philo, quant à lui, est un lieu qui demande de la souplesse dans la pratique de la philosophie.
Certains participants fréquentent ces séances pour des raisons sociales ou affectives. Il est évident qu’ils ne sont pas d’emblée concernés par l’aspect disciplinaire de la pratique philosophique. La recherche du lien social et la convivialité doivent donc être pris en compte. Pour ces raisons, il est donc difficile dans un Café-Philo de cheminer dans toute la rigueur demandée par l’enquête philosophique. IL s’agit alors de marier dans ce travail, l’exigence philosophique et la convivialité. Autant dire que c’est extrêmement difficile.

II Un renversement de perspective

1) la séparation du corps et de l’esprit

Avant de pénétrer plus avant dans la méthode, il est nécessaire de vous donner, de manière fort synthétique, les fondements théoriques sur lesquels elle repose. Ces fondements théoriques sont issus de ma propre réflexion et de plus de dix ans de pratique au sein des « Nouvelles Pratiques philosophiques ». Elle n’engage en rien les autres Philosophes-Praticien. Cette théorisation doit être critiquée. Cette critique doit être constructive et apporter les arguments capables de faire avancer ma démarche.
L’accent mis sur la praxis de la philosophie par les « Nouvelles Pratiques Philosophiques » renverse la manière purement spéculative et scolaire, d’appréhender cette discipline aujourd’hui.
Notre tradition occidentale a isolé le corps de l’esprit et l’homme de la nature, tout en devenant le jouet de cette séparation et de cette désorientation. Selon cette conception, il y aurait d’un côté les besoins de corps, régis par les instincts et de l’autre l’esprit développé par la culture et la civilisation.
Cette conception isole, non seulement les individus de leurs instincts et de la nature en général, mais elle réduit la réflexion à une démarche purement mécaniste et spéculative ou, comme c’est le cas dans la pensée anglo-saxonne, à une vision aveuglément empiriste du raisonnement.
A cause de cette conception, la pensée moderne n’a plus de vitalité. Elle est devenue une abstraction vide ou une démarche purement pragmatique. Elle semble dénuée des plus profondes intuitions et entre en rupture avec les plus nobles idéaux.
Nietzsche avait bien vu à quel point nous nous sommes retournés contre nos instincts. Pourtant, l’instinct de l’homme le plus précieux, celui qui lui a
permis de contourner l’hostilité de son environnement et de survivre est bien sa réflexion et celle-ci lui est vitale.
Cette conception de l’esprit opposé au corps, cette culture faite pour « dresser » et utiliser la nature, sert sans doute les intérêts de ceux qui transforment le « vivant » en objet pour mieux l’exploiter. Mais la pensée moderne en paie le prix, car nous sommes, à présent, dans le déclin de notre civilisation.
Ce manque de profondeur et de puissance dans la pensée engendre de plus en plus un manque de réflexion générale, le système consumériste en est un exemple. Nous avons construit un système qui réduit nos désirs à des futilités et nous nous rendons esclaves de nos besoins préfabriqués. Nous ne pouvons plus nous arrêter pour réfléchir et les questions essentielles sont parasitées par nos préoccupations mondaines.
Nous assistons à la régression générale de la pensée moderne. La recherche scientifique a cédé le pas au nihilisme techno scientiste. Il n’y a plus de vertu politique, mais de la politique politicienne. Les échanges entre les hommes sont réduits à l’économisme et au « marché ». Au lieu de tirer la quintessence philosophique de ses symboles et de ses rites, la pensée religieuse régresse dans une religiosité et un dogmatisme des plus dangereux, surtout dans un monde global et multiculturel où tous les hommes sont appelés à vivre ensemble.
Nous manquons de « souffle » et d‘inspiration. Les poètes, les philosophes et les littérateurs sont de plus en plus marginalisés, mais les techniciens, les ingénieurs et les technocrates prospèrent.
Je n’aborderai pas ici, les dégâts que provoque cette abstraction intellectuelle sur notre manière de vivre avec notre environnement ou sur nos déchirures intérieures entre nature et culture.
De cette rupture entre l’esprit et le corps découle la séparation entre les dimensions manuelles et l’intellectuelles. Cette séparation a entraîné un élitisme culturel fondé sur des rapports économiques et sociaux. Les uns sont destinés à occuper les postes clés fondés sur le pouvoir intellectuel et les autres à exercer un travail manuel souvent déconsidéré. Certains, sans doute bien nés, croient se situer du côté de la pensée civilisée, tout en rejetant les autres dans l’obscurité des bêtes et de la nature.
Nous pouvons bien sûr penser que l’Humanisme et les « Lumières » ont tellement pénétré les esprits, que cette vision a disparu de notre monde moderne. Mais est-ce bien la vérité ? Il suffirait que l’école ne joue plus son rôle, pour retrouver l’esprit de caste que l’on croyait dépassé.
Dans tous les cas, cet élitisme a encore une influence directe sur la philosophie et notre manière de transmettre cette discipline. La philosophie est généralement réduite à une accumulation de « savoirs ». Dans les pays où la philosophie est tolérée, celle-ci est enseignée à l’université ou comme couronnement des études secondaires en France, car il est d’avis des spécialistes qu’il faut avoir un super niveau d’instruction, pour commencer à philosopher. Tant pis pour les philosophies paysanne, ouvrière ou celles des peuples premiers. Pour les spécialistes, ces gens-là ne font pas de la philosophie. Et pourtant, ils n’ont sans doute rien à envier dans leur quête de la « sagesse » à cette brave élite savante qui confond « savoir » et « savoir être », « sagesse » et érudition.
En France, l’enseignement philosophique a d’ailleurs du mal a pénétrer dans les lycées professionnels car, et je l’ai entendu, les jeunes qui fréquentent ce type d’établissement scolaire sont considérés comme des « bourrins ». Il y a visiblement des gens que l’on enferme dans leurs besoins biologiques et sociaux, que l’on prive de connaissance et de culture, pour éviter qu’ils n’acquièrent les outils d’une révolte plus efficace.
Pendant ce temps là, la philosophie est devenue pour la plupart des gens de la « masturbation » intellectuelle sans intérêt et ceux qui la transmettent des autistes, perdu dans leur mental.
Il fut un temps pourtant, où le travail manuel était considéré. Avant le modernisme, la philosophie, la géométrie et la connaissance en général étaient associées au travail manuel. Il nous suffit de visiter les temples antiques et nos cathédrales pour s’en apercevoir. Le « Compagnonnage » a gardé les traces de cette unité. Quant aux peuples premiers, leur « sagesse » semble plus efficace que la nôtre, car ils ont beaucoup à nous apprendre sur le respect de la nature et de l’environnement.

2) La nécessité d’une réflexion vitale

Les « Nouvelles Pratiques Philosophiques » renversent la perspective, à travers la quelle nous considérons habituellement la philosophie. Il n’y a pas la nature d’un côté et la culture de l’autre. Les besoins du corps, ne sont pas séparés des aspirations spirituelles les plus hautes. Notre réflexion est vitale et si l’homme perd son instinct le plus précieux, il disparaît dans la bêtise et le chaos.
En conséquence, la réflexion n’est pas une abstraction, c’est une nécessité vitale qu’il nous faut tout d’abord assumer, pour pouvoir la dépasser.
C’est la « nature » qui pense et prend conscience d’elle-même à travers l’homme, et non l’homme qui pense la « nature ». Là aussi, Il n’ y a donc pas l’homme d’un côté et la « nature » de l’autre. Nous n’avons pas besoin de faire des kilomètres pour vivre dans la « nature ». Nous sommes nous-même une expression de la « nature ».
Dès lors, comme c’est le cas dans d’autres courants philosophiques, la philosophie occidentale se doit de revenir au corps, aux émotions, aux sentiments et à ses plus profondes intuitions, sans personnaliser ces dimensions pour autant.
C’est bien l’être entier qui réfléchit, et non un « moi » ou un esprit séparé du tout. Un œil séparé du corps, n’est plus un œil, mais un organe mort. L’homme séparé de la « nature » n’est plus un homme mais un monstre. C’est toute la « nature » qui fait pousser un brin d’herbe. C’est tout « l’univers » qui se pense à travers l’homme.
Si l’individu n’est pas séparé du « corps naturel » et universel, il ne l’est pas non plus du « corps social ». C’est à travers cette conception que l’homme s’arrache peu à peu de son isolement, de son égoïsme et qu’il devient responsable sur le plan politique, au noble sens de ce terme.
Les instincts intellectuels ou intuitions ne peuvent que redonner à la pensée moderne sa puissance perdue. En conséquence, toutes les voies qui passent par des « savoirs faire », utilisant
des capacités humaines autres que la seule intellectualité, deviennent des philosophies, dès l’instant qu’elles sont pensées et qu’il en découle du savoir être et un art de vivre. C’est déjà le cas de la culture hédoniste qui passe par le développement de la subtilité sensorielle, mais à titre d’exemple nous prendrons les Arts Martiaux. C’est une discipline corporelle et sportive, mais celle-ci s’est pourtant élevée au rang d’un art de vivre et d’une authentique quête de « sagesse ». Dans cet ordre d’idée, rien ne nous empêche de penser que la connaissance et l’amour de la terre par les paysans, ou bien la recherche de l’harmonie avec son environnement de l’homme naturel ne débouchent sur de véritables philosophies.
Il nous faut donc rompre avec cette attitude idiote qui tente de faire croire : d’une part, que la philosophie est occidentale et que les autres courants ne seraient que des écoles de « sagesse »,
d’autre part, de penser que la voie purement intellectuelle en est le seul chemin valable, même si l’intellect est à un certain niveau incontournable. Il n’est pas inutile de rappeler ici que « philosophie », dans sons sens étymologique, ne désigne rien d’autre que l’amour de la « sagesse ».
Prenons la philosophie dans son sens le plus large et le plus insaisissable.
L’acte de philosopher n’est pas un luxe intellectuel réservé aux privilégiés. C’est un acte fondamental et vital, une potentialité que nous possédons tous et qu’il nous faut développer. Développer son esprit, conserver sa tête alors que toute notre société semble la perdre, acquérir la « sérénité » vont sûrement devenir dans les prochaines années une nécessité dans la lutte pour la survie.
La nécessité vitale de réfléchir ensemble, en tendant vers « l’universalité » va très certainement se poser pour échapper à l’individualisme destructeur, à l’isolement communautaire et à la destruction de notre environnement.
La régression de la pensée moderne fait ressurgir des crispations conservatrices et des phénomènes religieux primaires et dogmatiques. N’oublions pas que la mondialisation imprègne nos sociétés multiculturelles. Si nous ne voulons pas sombrer, comme c’est la cas dans d’autres régions du monde, dans la guerre civile, il est donc impératif de redonner de la puissance à une quête de « sagesse » authentiquement moderne, laïque et impartiale, capable de s’accorder avec les autres voies spirituelles de l’humanité. C’est à cette condition que « l’Humanisme » qui est à la source de la pensée moderne, sans être exclusivement occidental, retrouvera sa vocation d’arbitrage entre les peuples.
Nous ne nous étalerons pas sur les conséquences de ce renversement opéré par les « Nouvelles pratiques Philosophiques » sur notre manière de penser, car celles-ci sont vastes et méritent un ouvrage à elles seules.
Abordons, à présent, l’aspect méthodique.

III La « problématisation » ou la » problémation »

1) L’art de poser un problème

La «Problématisation » est l’art de bien poser un problème ou un ensemble cohérent de problèmes. Ce terme absent du dictionnaire, y compris philosophique est un substantif qui a été forgé par les philosophes-praticiens.
Toutefois, il y a lieu de signaler que dans l’ouvrage « Le penser efficace » écrit conjointement par le Pr Bize, P.Goguelin et R.Carpentier aux éditions SEDES, c’est le concept de « problémation » qui est utilisé.
Un problème, dans son « essence », n’est ni positif, ni négatif. Un jugement ne se porte que sur le plan relatif et contingent. Il est dans la nature de la vie de susciter chez nous des problèmes. Ces problèmes nous poussent à nous interroger et à transcender les apparences phénoménales.
Lorsqu’une situation problématique surgit, elle provoque l’étonnement. Philosopher, c’est d’abord s’étonner. Dans l’étonnement, nous suspendons notre jugement et nous arrêtons notre dialogue intérieur. L’esprit s’ouvre, l’interrogation surgit et la curiosité nous met en prise avec le désir de connaissance. Sans cet étonnement et l’interrogation qu’il suscite, nous ne pourrions pas nous intéresser aux autres et à nous-même. Nous n’aurions pas pu progresser sur la plan scientifique. Nous ne pourrions même pas aimer.
Le corps n’étant pas séparé de l’esprit, il est important dans cette étape de la « problématisation » de se replacer dans l’état d’esprit vital qui nous permettra de mobiliser toutes nos ressources latentes. Il est bon de retrouver l’état d’interrogation de l’enfant qui est en nous. L’enfant ne s’interroge jamais gratuitement. L’interrogation lui est nécessaire à sa construction physique et psychologique.
La « Problématisation » devient un art de vivre, lorsque nous dépassons l’interrogation liée aux besoins premiers, pour nous diriger vers la contemplation de la « beauté » du problème ou de « l’énigme » de la vie elle-même. Cet art de vivre s’opère par la contemplation et le dépassement de la beauté physique et intellectuelle, pour se subtiliser et se sublimer dans celle de la « noblesse » de « l’âme ».
L’étonnement nous ramène tout d’abord à interroger la réalité. Il met en éveil les sens et il débouche sur une interrogation qui n’est pas encore formulée intellectuellement. Cette interrogation étant liée à une problématique vitale, c’est tout l’être qui s’interroge et non pas seulement la pure dimension intellectuelle de l’individu. L’étonnement entraîne un travail sur l’attention et l’observation. Être attentif et savoir observer sont les qualités indispensables à la résolution des problèmes, à la prise de conscience, voire, à l’éveil spirituel. Savoir observer est un art.
Voici une petite histoire que j’aime à raconter :
« Un jour, un très beau et très gros diamant tomba dans un lac peu profond. Lorsque les gens en furent informés, tous se jetèrent à l’eau. Le lac fut malheureusement troublé, par la foule qui s’agitait. La vase fut remuée, la boue remonta à la surface du lac et le diamant disparut au regard de tous. Un sage qui passait par là se mit à rire. Les gens le regardèrent et lui demandèrent pourquoi il se moquait d’eux. Le sage répondit :
- Sortez de l’eau et regardez simplement !
Tout le monde se pressa sur le bord du lac et la foule se calma, attentive. La boue et la vase redescendirent au fond du lac. L’eau redevint claire, limpide et le diamant apparût de lui-même. Ce jour là, le sage avait appris à tous à poser correctement un problème ».
La plupart du temps, nous sommes agités par les difficultés. Celles-ci suscitent des mouvements affectifs, émotifs et des souvenirs personnels qui parasitent notre réflexion et troublent nos capacités à entrer en méditation. Il nous faut
donc suspendre notre dialogue intérieur, pour nous plonger dans un silence qui nous permet de voir clairement la situation. La suspension du jugement est à la base de la « Problématisation ». Il ne s’agit pas ici de ne pas avoir de sentiments ou d’émotion, mais de se garder des affects égocentriques, suscités par les a-priori, constitués par notre histoire personnelle et les conditionnements qui y sont liés.
Entraînés par le courant des émotions que provoque la situation confuse, bien souvent, nous roulons la tête dans le guidon, quand nous ne sommes pas emportés par les affres de notre avidité et de notre vanité.
Il faut savoir s’arrêter pour regarder et observer les faits, sans rien projeter de personnel sur la situation. Il faut donc conserver notre lucidité et récolter les données du problème jusqu’au moindre détail, car c’est souvent dans ce dernier que se cache la solution.

2) Réapprendre à s’interroger et travailler la question

L’interrogation qui surgit est brute. Elle n’est pas encore formulée. C’est ce que j’appelle le « nœud problématique ». Ce dernier est lié à nos angoisses les plus profondes. Cette angoisse est là pour nous faire avancer, mais elle nous paralyse le plus souvent. Lorsqu’une situation confuse se déclare, il nous faut l’accepter, même si celle-ci remet en cause l’équilibre sur lequel nous nous reposons, tout en générant une angoisse qui nous plonge dans l’insécurité. Généralement, nous n’avons pas envie d’y faire face et nous préférons l’illusion d’une sécurité antérieure qui n’existe déjà plus. Nous sommes alors coupés en deux : d’un côté, l’instinct de conservation a ses exigences et tente de faire affleurer l’interrogation à la surface de la conscience et de l‘autre, nous déployons des stratégies d’évitements et masquons la question initiale par le divertissement…
En réalité, un problème dévoile sa solution au moment opportun et notre chance passe rarement deux fois.
Quand vient le moment de la « problématisation », certains ont du mal à faire une différence entre l’affirmation et l’interrogation. Il leur est difficile de se placer dans un état d’interrogation. Ils nous gratifient mécaniquement de leur affirmation sans s’en apercevoir.
Le problème vient de notre éducation. Pour masquer leur impuissance, papa et maman nous ont toujours fourni des réponses. Ces dernières ne leur servaient, bien souvent, qu’à avoir la paix devant l’interrogation incessante de l’enfant. L’école n’est pas en reste, elle est parfois la grande pourvoyeuse de réponses toutes faites, qu’il nous a fallu absorber par cœur. Par la suite, les religions, les idéologies, le scientisme, les systèmes politiques et médiatiques nous ont emprisonnés dans un réseau de réponses toutes faites et notre esprit grégaire a fait le reste.
En fait, personne ne nous a appris à nous interroger, à développer notre esprit critique et à réfléchir par nous-même. Nous avons été habitués à fournir des réponses en toute occasion. Nous sommes nés dans le culte de l’opinion.
C’est pourquoi la « problématisation » est un stade important dans notre travail qui comporte deux aspects : interroger les participants et s’interroger soi-même.
Interroger les participants concerne davantage l’animateur et son art de la maïeutique.
S’interroger soi-même concerne les participants encore que les deux aspects ne soient pas tellement séparables.
C’est en cela qu’au début du débat un participants propose un thème et soumet à l’assemblée toutes les questions qu’il se pose par rapport au problème qu’il soulève. Nous lui demandons d’en délimiter la recherche et les enjeux. La pronominalisation permet de circonscrire le problème, de mettre à jour le « nœud problématique » et de le formuler dans un langage clair. Il s’agit ensuite de l’aider à poser la bonne question qui résumera toute sa problématique.
Il arrive fréquemment que l’individu pose une question déjà construite, mais que celle-ci ne reflète en rien la problématique qui l‘agite. Certains se posent même de fausses questions pour éviter de regarder leur problèmes en face. Certains posent même des questions suggestives, faites pour obtenir les réponses qui les confortent dans leur opinions, ils tentent alors par de procédé de préserver les habitudes et les a-priori qui le rassurent.
Il est faut toujours retravailler la question.
Ce travail sur le questionnement fait parti du débat, car toutes les questions proposées par les participants sont discutées par le groupe. Au final, le participant qui a proposé le thème de réflexion choisit parmi toutes les questions qui lui sont proposées celle qui reflète le mieux son interrogation.
La plupart des gens pensent que le philosophe se pose des questions sans intérêts et use une énergie considérable pour rien. Bien au contraire, la pratique du questionnement vise l’habilité et l’économie d’énergie, par la précision et la circonscription du problème. C’est à force de pratiquer que l’individu développe l’art de bien poser un problème.
Lorsque la problématique est posée correctement, la réponse est déjà suggérée par le problème, comme une serrure qui indique le type de clé nécessaire à son ouverture. Le Philosophe-Praticien est une sorte d’artisan de la philosophie. Il forge ses outils, et en ce qui concerne la « problématisation », des questions capables de diriger correctement l’enquête philosophique.
De la manière dont est établit la proposition interrogative, dépend la direction que cette enquête va prendre. Chaque mot, chaque concept pèse sur cette direction et il est important de les vérifier soigneusement. Le type de question utilisé est également crucial. La question est-elle ouverte, fermée, alternative, suggestive…, car celle-ci va également entraîner un effet sur le débat et provoquer le type de discussion voulue, spéculatif, dialectique, délibératif…
Lorsque la question est correctement posée, la réponse est déjà contenue dans la question. Ce résultat est bien sûr très rare et demande beaucoup de travail, mais c’est un objectif vers lequel il faut tendre.

IV L’analyse du problème

1) Apprendre à formuler des hypothèses et non des vérités

Lorsque l’étape de la « problématisation » a été accomplie et que la question a été travaillée par le groupe et acceptée par celle ou celui qui a lancé le sujet,
nous entrons alors dans l’analyse proprement dite.
Il n’y a pas de vérité toute faite. Chaque participant est appelé à remettre ses certitudes en question.
Nous avons le choix entre être le jouet de notre pensée ou en être le maître.
Dans le débat, ce n’est pas la pensée qui nous domine, parce qu‘elle devient. une matière brute, que nous pouvons construire et déconstruire pour servir l’enquête philosophique.
Dans le cas où la pensée nous domine, nos idées deviennent un enjeu qu’il nous faut imposer aux autres. Nous nous identifions tellement à nos pensées, que si quelqu’un vient à les contredire, nous nous sentons atteints dans notre « être » même.
A l’inverse, lorsque les pensées ne sont que des hypothèses de travail, il n’y a plus d’enjeu personnel. Nous acceptons facilement que ces pensées soient contredites. Par ailleurs, nous pouvons formuler des thèses complètement contraires à ce que nous pensons d’habitude, pour les expérimenter et voir où celles-ci nous entraînent. Philosopher, c’est aussi être capable de penser l’impensable pour s’arracher à nos routines intellectuelles et nous dépasser. Le débat devient alors ludique et le monde guerrier des idéologies s’efface devant un champ d’expérimentation, où l’on joue avec la pensée sans s’attacher à elle.
Pendant cette phase d‘analyse, la première difficulté, c’est l’écoute. Nous nous concentrons uniquement sur ce que nous voulons dire et nous sommes tellement impatients de prendre la parole, que nous oublions d’écouter. L’animateur se retrouve alors avec une profusion d’hypothèses, sans lien les unes avec les autres.
Une enquête philosophique n’est pas dans son principe différente d’une enquête scientifique. N’est-ce pas la philosophie, à travers Bacon ou Descartes, entres autres, qui a donné aux sciences, dites exactes, leur méthode de recherche et d’expérimentation ? Il ne sert à rien de produire une multitude d’hypothèses, car elle ne peuvent pas toutes être traitées jusqu’au bout. Dans un débat une, deux, voire trois hypothèses suffisent. Les participants doivent apprendre à se concentrer sur ce qui est dit, soit pour approfondir les hypothèses déjà proposées soit pour fournir des contre-hypothèses. Cette contrainte a l’avantage de nous pousser à nous écouter et être capables de répondre aux thèses qui nous sont proposées.
Le concept d’enquête est ici important. Un enquête est une investigation et chaque piste doit être suivie jusqu’au bout.
Les processus du raisonnement mis en place dans l’enquête philosophique sont aussi bien causaux, dialectiques, analogiques, qu’anagogiques… Il n’y a pas de tabous, d’aucune sorte, dans la formulation des hypothèses et les hypothèses les plus spiritualistes sont donc possibles. Nous ne sommes pas des scientistes et des matérialistes qui excluent de leurs recherches les hypothèses les plus dérangeantes, sous le prétexte fallacieux qu’elles encourageraient la superstition ou la religiosité. Nous prenons les hypothèses pour ce qu’elles sont, de simples hypothèses de travail. Par contre, nous ne dérogeons pas à la « raison » et nous demandons aux participants d’accepter de confronter leurs hypothèses à l’esprit critique des autres et aux règles de la « logique » en accord avec la réalité.
Nous ne sommes pas non plus des pseudos spiritualistes de bazar, négligeant la réalité et les faits qui sont pourtant têtus. Toutefois, le réalisme dogmatique
est un point de vue qui doit être contredit. Spiritualisme, idéalisme, matérialisme et réalisme sont les deux côtés d’une même pièce, dont il est nécessaire d’en dépasser les deux faces.
Le problème n’est pas en soi la rationalité ou l’irrationalité. La « logique » n’est pas nécessairement du côté de la raison humaine, car nous pourrions aussi bien décréter, que celle-ci est complètement folle. Être « logique », c’est être rationnel dans le cadre de la réalité et être capable d’irrationalité dans les plans qui dépassent la rationalité, sans confondre ces deux aspects du « réel ».
Il faut donc garder les pieds sur terre et… avoir la tête dans les étoiles !

2) Apprendre à dialoguer

L’homme se forge avec l’homme. C’est par le dialogue que nous sortons de notre état primaire, pour accéder à notre humanité et c’est ainsi que nous forgerons « l’Humanité ».
C’est par le « deux » , que nous sortons du « Un » indéterminé, pour aboutir au « trois », symbole de l’Enfant de la Synthèse et de l’Unicité.
Le dialogue est donc un accomplissement difficile à réaliser, si ce n’est pas le plus difficile. Certains préfèrent d’ailleurs la solitude ou les voies ascétiques, pour fuir cette confrontation. Pourtant, se confronter aux autres et à soi-même ne signifie pas entrer en conflit. La peur de l’autre, la vanité qui consiste à ne jamais vouloir perdre la face, la mise en avant du petit « moi » totalitaire ou l’angoisse devant la perte des repères sont autant d’obstacles au dialogue.
D’autres s’en tirent par des phrases faussement démocratiques toutes faites, du style : « Nous sommes en démocratie, chacun pense ce qu’il veut ! ».
La réalité, c’est que nous sommes incapables d’accepter l’altérité, comme nous sommes incapables d’accueillir l’inconnu, l’étrange et l’étranger. Il nous est difficile d’accueillir la parole qui nous décentre par rapport à nous-même, particulièrement celle qui est contraire à la nôtre, même si c’est bien souvent celle-là qui est susceptible de nous faire avancer.
Parfois il nous arrive d’accepter la contradiction, mais non sans une certaine rancœur.
Dans d’autres cas, nous pouvons devenir agressifs en imposant notre point de vue. Il n’est pas rare dans la vie de tous les jours, de voir les gens en venir aux insultes ou aux mains, plutôt que de résoudre leurs problèmes par le dialogue.
D’autres, plus malins, se comportent comme des démagogues. En apparence, ils vous écoutent, vous rassurent et vous font croire qu’ils vous ont entendu, alors qu’en réalité il n’en est rien. L’ambition maladive les a tellement vidés de leur humanité, que vos propos et vos arguments tombent dans le puit sans fond de leur indifférence. L’illusion démocratique est fondée sur cette habilité sophistique du caméléon humain.
En fait, le dialogue est tellement peu pratiqué dans notre société, que nous en sommes rendus à éviter toutes discussions religieuses, politiques ou sociales par peur du conflit. Reste la pluie et le beau temps, mais une société qui ne dialogue plus a tôt fait de retourner au totalitarisme et à la barbarie.
Nous passerons sur les guerres idéologiques et religieuses provoquées par ce manque chronique de dialogue.
Il n’est pas étonnant, que l’exercice du dialogue fut l’un des outils
indispensables de la pratique philosophique antique. A l’origine, le cours didactique était secondaire et les exercices dialectiques indispensables dans l’acquisition de la sociabilité et dans la quête de la « sérénité ».
Dans les « Cafés-Philos », il n’est pas rare de considérer que ce sont nos belles pensées qui importent, c’est pourquoi ces lieux se transforment bien souvent en débat d’opinions et en cafés du commerce, à la grande délectation de nos détracteurs. Le décalage entre nos belles pensées humanistes, démocratiques et notre comportement devient alors un abîme.
Il est indispensable de comprendre, que la philosophie est d’abord une « discipline », plutôt qu’un discours. Il s’agit de se sculpter soi-même en tant qu’être humain et citoyen responsable. Le dialogue est un exercice qui permet à la fois d’acquérir la maîtrise du raisonnement, des émotions suscitées par les affects et de développer l’écoute et la « beauté » du comportement. Ce que nous disons n‘est pas sans importance, mais c’est dans notre comportement, que se fait l‘essentiel du travail philosophique. Le débat est une « pratique » philosophique et non une tribune. Le but du dialogue n’est pas d’avoir toujours raison, mais de dépasser les deux points de vue opposés. Ne dit-on pas que de la discussion que jaillit la Lumière. Il s’agit de se départir de notre petit logos personnel, pour renaître à un « logos » plus universel.

3) La communauté de recherche

Les « Nouvelles Pratiques Philosophiques » offrent des méthodes de recherches communes. Ces méthodes peuvent être utilisées dans tous les domaines, qu’ils soient philosophiques, politiques, économiques, psychologiques, scientifiques, artistiques… Elles peuvent, par exemple, être appliquées pour apprendre à conduire des réunions professionnelles.
Mathieu Lipman utilise le concept de « communauté de recherche », pour caractériser le groupe qui utilise ces méthodes d’investigation.
Dès notre plus jeune âge, y compris dans le milieu scolaire, nous sommes « dressés » à la compétition. Nous en oublions notre nature sociable et nous ne savons plus réfléchir et travailler en commun. Les sciences sont divisées et les laboratoires, de plus en plus assujettis au monde financier, sont souvent en compétition. Dans nos sociétés hyper individualistes, il nous est de plus en plus difficile de nous fédérer autour de projets communs et les personnalités l’emportent sur la vie du groupe.
L’incapacité des hommes à mettre leur « intelligence » en commun entraîne le délitement de leur société et la destruction de leur civilisation.
Pourtant, des premières transmissions des savoirs-faire, des mythes et de l’histoire des ancêtres autour du foyer central primitif, en passant par des périodes de tolérance et d’ouverture d’esprit comme celle de l’Islam andalou, jusqu’au formidable élan universel des Lumières, la capacité des hommes à s’entendre a généré de grands moments de civilisation.
Tout est interdépendant dans l’univers. L’espèce humaine peut être analogiquement comparée à un arbre. Au niveau du tronc, elle est « une » et elle se différencie au niveau des branches. Chaque feuille est une individualité qui doit se développer librement et de manière interdépendante. Il ne faut jamais oublier, que c’est la même sève qui nous donne la Vie. Personne ne
peut être intelligent tout seul et l’isolement psychologique ne peut que provoquer la bêtise et l’autodestruction. Les penseurs grecs l’avaient bien compris eux qui désignaient le Logos comme Sagesse, Parole, discours …mais également comme Intelligence universelle et commune : le Noûs.
Dans la pratique du débat philosophique, nous devons tenter d’instaurer la notion de « communauté de recherche », afin de réapprendre à réfléchir et à vivre en commun. Nous devons nous mettre au service de l’enquête philosophique, tout mettre en œuvre, pour aider les autres à accoucher d’eux-mêmes et favoriser l’émergence de « l’intelligence » collective.

4) Du « ce que, moi, je pense » à « comment je pense »

Le fait de se concentrer sur la manière dont nous pensons et non sur ce que nous pensons seulement, limite les grands discours pontifiants. Nous sommes effectivement dans une « pratique » philosophique et non pas dans un rapport purement spéculatif ou historique à la philosophie.
Pensons-nous logiquement ? Quelle est la raison qui se cache derrière nos écarts de « logique » ? Pourquoi avons-nous du mal à accepter les déductions qui s’imposent, par rapport aux prémices contenues dans les thèses que nous défendons bec et ongles ? Pourquoi sommes-nous enfermés dans le particularisme, le relativisme ou la généralité ?
L’effort ne doit pas être porté sur l’accumulation des grandes idées philosophiques, ni sur les points de vue exagérément démultipliés, mais sur notre manière de penser qui doit nous entraîner dans une connaissance de soi proche de la philosophie, telle qu’elle était pratiquée originellement.
La vision purement spéculative et scolastique de la philosophie occidentale a écarté certaines dimensions de la pratique philosophique, aujourd’hui travaillées comme des sciences à part. C’est le cas de la Rhétorique et de la Logique, par exemple.
La justesse, la force et la beauté du raisonnement redeviennent une des bases importantes de la discipline philosophique.
Se pencher sur la manière dont nous construisons notre discours, pour s’adapter à l’entendement des uns et des autres et s’assurer de leur compréhension, devient indispensable dans notre pratique. Ce qui se conçoit clairement, s’exprime aisément et la simplicité est une qualité essentielle du philosophe. La rhétorique et la « logique » redeviennent indispensables dans les « Nouvelles Pratiques Philosophiques ».

5) retrouver une logique naturelle

Observer la manière dont nous pensons, nous remet en prise avec la « logique » et « l‘intelligence naturelle ». Notre société consumériste a tendance à nous isoler dans notre petite logique personnelle, que l’on croit bien sûr originale. Comment pourrions-nous y échapper, puisque tout autour de nous nous fait croire que nous le valons bien (l’Oréal), et que ce monde merveilleux de la consommation n’a été bâti que pour nous ?
En encourageant l’aspect purement égocentrique et égoïste des individus, le système nous isole les uns des autres. Chacun se replie dans ses phantasmes
préfabriqués et oublie qu’il nous faut garder les pieds sur terre. La réalité a ses lois qu’il nous faut, certes dépasser, mais en aucune manière ignorer.
Les règles de la « logique » correspondent aux lois naturelles. Lorsque nous parlons de logique, il ne s’agit pas nécessairement de la méthode de réflexion mise au point par Aristote, ni celle de « Port Royal » influencée par le classicisme cartésien et pascalien. Il ne s’agit pas ici, non plus, du vieux rêve de Leibniz de fonder une mathématique universelle du langage, repris par les fondateurs de la logique moderne, comme George Boole, Auguste De Morgan ou encore Gottolb Frege, et fortement influencé par les mathématiques. Même si nous nous inspirons de sa philosophie, il ne s’agit pas non plus de la refonte de la logique opérée par John Dewey. Loin de nous l’idée de décrier toutes ces recherches, mais les « Nouvelles Pratiques Philosophiques » étant un mouvement philosophique populaire, et non populiste, notre logique doit répondre à notre quotidien.
La « logique » dans notre contexte philosophique est le reflet de « l’intelligence » naturelle. Elle est prise dans un sens large et existentiel, celle de la vie quotidienne. Cette « logique » est en prise avec tous les aspects de notre existence, que cela soit dans notre manière cognitive de percevoir le monde, d’entrer en relation avec les autres ou encore, de raisonner et d’argumenter. La « logique » n’est toutefois pas réductible à la quotidienneté. Elle est aussi insondable que le « logos » et le « réel » lui-même, à condition de ne pas réduire l’idée du « logos » aux processus du raisonnement humain.
L’idée d’un « logos » transcendant a sans doute de quoi surprendre. Cette conception vient de moi et n’engage en rien les « Nouvelles Pratiques Philosophiques ». On pourrait me rétorquer, que je ne suis qu’un religieux et non un philosophe. Mais si nous sommes honnêtes, nous pouvons vérifier dans les faits la puissance de cette « intelligence » de vie à l’œuvre dans tous les stades de la « nature », jusque dans les moindres cellules de notre corps. Il est bien sûr, hors de question d’envisager cette « intelligence » de manière anthropocentrique ou anthropomorphique et il est donc inutile de projeter sur elle nos intentions. L’intelligence humaine n’en est qu’un pâle reflet. On peut, bien sûr, préférer une vision mécaniste de la vie aujourd’hui dépassée, mais, seul l’idiot pense que l’homme est la seule créature intelligente.
Cette « intelligence » de la « nature » n’est d’ailleurs transcendante, que par rapport aux limitations de notre « moi » humain et elle est tout aussi bien immanente. N’est-ce pas notre orgueil qui nous empêche d’en percevoir la manifestation ? Rien ne nous empêche de toute façon, d’envisager cette hypothèse comme idée directrice dans nos enquêtes.
Si on peut ne pas être sensible à cette » intelligence », la « logique » n’est pas une pure abstraction pour autant qui nous pousserait à croire, que le philosophe se masturbe l’esprit. Bien au contraire, la « logique » doit traduire les faits, à commencer par la première loi implacable et inhérente à toute naissance : la mort du corps.
Prendre conscience de sa propre mort n’est pas morbide, bien au contraire. Cette prise de conscience permet de profiter de chaque instant comme si c’était le dernier et la vie devient plus intense. Nous prenons conscience que nous ne sommes pas plus important que quoi que ce soit et nous commençons à respecter la vie, à corriger nos réflexes égocentriques, tout en trouvant notre juste place au sein de cet univers insondable et mystérieux.
La prise en compte de notre finitude nous ramène à la réalité, car la logique nous recommande d’avoir les pieds sur terre.
La réflexion sur la mort est la première porte qui donne accès au « réel » et à la « sagesse ». Elle nous met en prise avec le caractère implacable de la logique qui n’a pas à répondre à nos vues personnelles. « Philosopher c’est apprendre à mourir », nous dit le « Philosophe ». Il nous faut donc prendre conscience de notre finitude, pour apprendre à vivre.
Dans un débat philosophique, nos pensées doivent être cohérentes et se confronter à la « logique ». C’est l’essence même du travail de déduction et nos principes doivent se confronter à cette « Pierre du scandale » qu’est la « logique ». Autrefois la monnaie, au son qu’elle produisait en rebondissant sur la « Pierre du scandale », révélait la véracité ou la fausseté de sa valeur. Nos opinions doivent également trébucher ou s’accomplir dans leur confrontation à la réalité.
La logique intervient, bien sûr, dans la cohérence du raisonnement. Elle nous permet d’enchaîner correctement nos propositions, de clarifier notre pensée, ce qui rend notre argumentation claire et précise. Cependant, il ne peut y avoir de clarté dans notre réflexion, si nous ne sommes pas logique avec nous-même.
L’analyse philosophique, au cours d’un débat, doit s’opérer à travers un travail de déduction et d’induction permanent. Et si métaphysique il y a, elle n’ignore en aucun cas les règles de « logique » inhérentes à la réalité.

6) La maïeutique

J’aime assez parler du Philosophe-Praticien, comme d’un artisan de la philosophie qui a forgé ses propres outils, pour faciliter l’enquête philosophique tels que la déduction, l’induction, la différenciation conceptuelle, la dialectique, l’étymologie… Le contenu de cette boite à outils et son utilisation ne rentrent pas dans le cadre de cet article. Il nous faut toutefois dire quelques mots de la maïeutique, utilisée pour faire accoucher les participants de leur propre connaissance intérieure.
L’utilisation de cet outil est délicat, parce que la technique du questionnement peut être ressentie de manière coercitive par certains d’entre nous.
Il est évident, que personne n’aime être mis en face de ses propres contradictions, s’il y en a, et être acculé dans ses propres retranchements. Il faut comprendre, que c’est à partir de là que le travail commence et qu’il peut nous amener à dire des choses auxquelles nous n’aurions même pas pensé en temps ordinaires.
L’animateur nous interroge, tout d’abord, parce qu’il n’est pas censé nous comprendre du premier coup. Il tente ensuite de se placer dans un état d’ignorance. C’est parce qu’il ne sait rien, qu’il est étonné. Cet état favorable à l’étonnement, lui permet de faire surgir les problèmes que posent certains discours, communément admis par tous, au mépris de toute « logique ». Ce type de pensée toute faite ne manque pas dans notre société travaillée par la propagande. L’état d’esprit de l’animateur lui permet également, de repérer dans le discours du participant la petite touche de génie, susceptible de faire progresser l’enquête et qui échappe parfois à son auteur.
Si l’animateur nous interroge, c’est également parce que notre parole a du poids. Nous en sommes responsables et nous devons être capables d’en rendre compte. Les idées qui nous habitent ne sont pas anodines. C’est par les idées, que l’homme se détruit le plus et c’est aussi par elles qu’il progresse.
Il y a bien sûr des résistances qui sont émises face à cette technique de questionnement. La première de ces résistances provient du caractère sacré que nous conférons à nos propos. Nous ne supportons pas qu’une question puisse mettre en cause les idées auxquelles nous croyons. Nous ne supportons pas non plus d’être remis en question devant les autres. La seule manière de palier à cet inconvénient, c’est la transformation de nos croyances en hypothèses de travail et la constitution d’une véritable communauté de recherche animée par l’esprit d’enquête et fondée sur l’amitié.
Le terme grec Philia (amitié) qui compose le mot philosophie n’est pas là par hasard. Il n’indique pas qu’il faille seulement aimer la « sagesse ». C’est Pythagore qui a créer le mot philosophos (philosophe). Dans les communautés pythagoricienne les membres étaient réputés pour l’amitié qu’ils avaient les uns pour les autres. On ne peut aimer la « sagesse », sans aimer l’Humanité.
C’est cet état d’esprit qu’il faut tenter de promouvoir dans nos débats et c’est lui qui limite les résistances inopportunes.
Quoiqu‘il en soit, cette technique de questionnement n’est pas utilisée de manière systématique. Elle est toujours utilisée avec bienveillance et les participants ne sont jamais obligés de s’y soumettre.

IV La conceptualisation

1) Simplicité et concision de l’esprit

A l’origine, les philosophes grecs n’étaient pas dans un sur inflation conceptuelle et intellectuelle. La juste mesure et la sobriété encadraient leur créativité. Toute leur réflexion devait pouvoir se résumer en une formule, voire, un concept. Aujourd’hui, la philosophie occidentale est perdue dans une sur inflation intellectuelle et conceptuelle. C’est cette sur inflation qui a justement rendu la philosophie impopulaire. La complexité n’est pas la complication et la simplicité n’est pas le simplisme.
Quelqu’un m’a dit un jour, que la pensée de Hegel pouvait se résumer sur une carte postale. Sans enlever toute la richesse et la complexité du travail de réflexion opéré par ce penseur, cet argument un peu excessif n’est pas tout à fait faux. Après avoir développé toutes les interprétation d’une « idée », expérimenté et validé l’hypothèse capable de répondre au problème posé, il devient nécessaire de résumer ce travail.
La création d’un concept doit répondre à une nécessité, celle de résumer le résultat de notre réflexion, parce qu‘il n‘existe encore pas dans notre langage courant. Par la suite, ce concept fonctionnera comme un axiome, il nous permettra de repartir de ce repère pour aller plus loin. C’est une économie d’énergie, et nous n’aurons plus besoin de refaire systématiquement le chemin accomplit par la réflexion antérieure.
Dans la philosophie antique, l’apprenti philosophe travaillait à la concision de son esprit. La philosophie de son école était résumée en une maxime ou une
sentence. Celle-ci était remise à l’apprenti philosophe, afin d’agir comme un levain susceptible de faire lever la pâte de son esprit. Cette maxime ou cette sentence, étant chargée potentiellement de toute la philosophie de l’école, celle-ci suivait l’apprenti tout au long de son parcours et déployait son contenu et son sens dans l’esprit du novice, au fur et à mesure de sa progression. Les maximes constituaient alors un excellent support de méditation. L’apprenti devenait, à son tour, capable de résumer sa pensée en une idée simple, mais percutante. La Grèce antique était d’ailleurs férue de ces sentences et ces dernières étaient souvent inscrites sur les murs de la cité, ou aux frontons des temples.
Nous ne nous rendons pas compte, que la longueur de notre discours fatigue notre auditoire.
Il nous est très difficile d’être dans l’acte de parler, tout en étant conscient de notre parole. Nous avons du mal à synthétiser notre pensée, pour l’exprimer clairement et simplement. Nous pouvons, par exemple, répéter en boucle les mêmes arguments, par manque d’assurance. Nous pouvons également avoir du mal à enchaîner logiquement nos propositions. Je ne m’étalerai pas ici sur l’hermétisme de ceux qui jouent les savants. Le pire c’est qu’ils rassurent ceux ou celles qui sont dans un rapport élitiste à la culture et n’ont d’autres repères, que l’idéologie du savoir. Ce type d’auditoire applaudit généralement ce qu’il ne comprend pas.
La concision de l’esprit s’obtient par des exercices de synthèse et de re formulation. Il est nécessaire de s’exercer à cette pratique. Il nous suffit d’observer le discours des grands orateurs. Ce qui emporte l’adhésion de l’auditoire, c’est souvent l’utilisation de phrases clés ou chocs qui résument toute une réflexion précédente.
Le travail de synthèse et de re formulation est généralement effectué par l’animateur, mais la phase de conceptualisation permet aux participants de pratiquer cet exercice. Ces outils pédagogiques sont généralement utilisés pendant le travail d’analyse.
A la fin du débat, il est demandé aux participants de proposer une maxime ou une sentence, susceptible de résumer le résultat de leur réflexion. Quelques unes sont proposées sur le Forum de discussion.

2) Remettre son ouvrage sur l’établi

Toutefois, un concept, une sentence ou une maxime n’est pas une vérité. Les formes qui expriment les « idées » sont relatives à la langue et à la culture qui les ont façonnées.
Dans son célèbre livre « Logique, la théorie de l’enquête », John Dewey nous démontre, par exemple, que les concepts taxinomiques utilisés par Aristote, à qui l’on a accordé un statut ontologique illusoire, ne sont plus valables dans la logique moderne, fondée sur le mouvement et l’enquête permanente.
Il en va de même, bien sûr, pour les sentences, les maximes, les formules ou les axiomes. Il n’ont pas de caractère absolu, ce ne sont que des postulats.
Il en va de même pour les solutions que l’on a conceptualisées, pour régler les problèmes rencontrés.
L’on a coutume de dire que la philosophie n’apporte pas de réponse. Il faut
toutefois comprendre qu’il ne s’agit pas ici d’une absence totale de réponse, sinon à quoi servirait la philosophie et la réflexion en générale, si cela ne nous apportait rien sur le plan pratique ?
Cependant le monde étant permanent, chaque situation problématique est nouvelle et nécessite une nouvelle solution. De même, qu’un serrure possède sa propre clé, un problème a sa propre solution. Les problèmes nouveaux qui surgissent peuvent bien ressembler à ceux que l’on a rencontrés antérieurement. Les solutions que l’on aura apportées aux problèmes antérieures, pourront certainement nous aider dans la résolution de nos nouvelles difficultés, mais jamais les résoudre totalement. Le contexte, les paramètres, les objets, les personnages… liés au nouveaux problèmes seront différents, car tout est changement, même si celui-ci s’établit sur des longueurs de temps abyssales. Ces nouvelles difficultés nécessiteront de nouvelles solutions capable de répondre à ces faits nouveaux.
Notre société devient stupide, parce que l’on tente d’appliquer mécaniquement des solutions ( qui ont réussi en leur temps) à des problèmes actuels différents.
Bien souvent, nous confondons généralement les concepts suivant : « solution », « vrai » ou« véracité », « vérité ». Une solution, qui établit ou rétablit le vrai dans une situation confuse et la véracité d’un fait ou d’un calcul ne sont pas absolus, car ils s’évanouissent avec le temps au même titre que le problème posé.
Sur le plan logique et conceptuel, et non sur celui de son existence ou de sa non existence, une « vérité », quant à elle, n’est pas soumise au changement. C’est un « principe » éternel, qui n’est pas soumis au temps.
Nous croyons à la vérité de notre monde, comme nous croyons à celle de notre existence, car nous refusons la mort et nous nous persuadons d’être immortels. Et si nous n’étions nous-même que des hypothèses ?
En tout état de cause, ce dicton populaire est encore tout à fait valable : « Il faut toujours remettre son ouvrage sur l’établi ».

V Une méthode en évolution permanente

Pour terminer, nous dirons qu’aucune méthodologie n’est absolue. Une méthode est une structure qui doit être, en permanence, critiquée de manière constructive et modifiée pour répondre à l’efficacité de la finalité recherchée. Une méthode est une somme d’outils, qui doivent être chaque fois améliorés.
J’exerce, au sein de mon activité, un travail de recherche sur des outils philosophiques capables d’aider la société à rechercher, à travers le dialogue, des solutions pour faire avancer l’humanité.
Ma propre philosophie est une recherche et rien n’est arrêté.
A l’origine dans la philosophie antique, les exercices dialectiques et dialogiques n’étaient forgés que pour être pratiqués par deux ou trois individus. Il suffit de se reporter aux dialogues de Platon.
Ce qui fait l’originalité des « Nouvelles Pratiques Philosophiques », c’est la création des outils dialectiques et dialogiques, à l’usage d’une « Communauté de recherche », composée de trois à cinquante personnes maximum.
C’est cette entreprise de recherche que je souhaite construire avec vous, car
mon travail est un laboratoire à ciel ouvert. J’ai donc besoin de vos suggestions et de vos critiques constructives.
Certes , ce travail peut paraître fastidieux mais encore une fois, nous sommes ici dans une « pratique » philosophique et non dans une démarche purement spéculative Comme toute « pratique », il faut la répéter, l’exercer, l’exercer inlassablement jusqu’ à en être habité, pour en sentir les effets.
Le tourisme et l’esprit de consommation n’ont rien à voir avec ce travail. Cette pratique doit œuvrer dans le sens d’un véritable cercle de réflexion fondé sur l’exigence philosophique, tout en gardant la convivialité et la joie nécessaires à ces rencontres.

Bruno Magret









 

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